Le danmyé

Lutte dansée ramenée par les ancêtres africains esclavagés en Martinique, le danmyé oppose deux lutteurs (ou majò) qui mesurent leur force et leur agilité au son d’une musique de tambour bèlè, tibwa et chant responsorial.

 C’est le seul élément du système bèlè pour lequel il est avéré que traditionnellement les participants se prêtaient à une préparation spirituelle autant que physique. Cette préparation se faisait surtout pour un combat ‘sérieux’ où il était capital de défaire l’adversaire au premier coup porté.

C’est la seule danse au tambour bèlè qui ait toujours existé à Fort-de-France. Jusqu’au milieu du 20e siècle on s’y affrontait au danmyé le dimanche après la messe. Dans les campagnes martiniquaises par contre, une session de danmyè en fin d’après midi servait de prélude à une swaré bèlè qui se terminait souvent aux aurores.

Aujourd’hui, le danmyé est devenu une danse de lutte où coups de pied, coups de poing ou prises à bras le corps pour faire chuter l’adversaire ne tournent que rarement à l’affrontement réel. Les kalòt do pyè fulgurants qui assommaient l’adversaire et l’envoyaient parfois ad patres n’ont plus cours car les gestes se sont considérablement ralentis.

Une recherche en cours suggère que les autres noms dont on désigne parfois le danmyé (ladja, wonpwen, kokoyé…) seraient peut-être d’autres luttes dansées avec chacune ses règles propres et ses gestes spécifiques, constituant ainsi des expressions distinctes.

Qu’est-ce que le danmyé ?

En tant que “jès djérié Matinik” (art martial martiniquais), le danmyé (appelé aussi ladja) est certainement la lutte dansée la plus prisée du corpus de danses qui comprend entre autres le pran so et le lévé fésé.
 
On peut considérer que cette lutte dansée appartient à la même famille que le bat baton, le polo monté (Martinique), le capoeira (Brésil), le moringue ou moringy (Réunion) ou encore le mayolè (Guadeloupe).
 
Art martial, le danmyé est :
  • un combat complet qui utilise toutes les parties du corps (poing, pied, membres supérieurs et inférieurs),
  • Un combat dans lequel les séquences rythmiques du tambour jouent un rôle important pour galvaniser, soutenir et avertir les lutteurs,
  • Un combat qui est basé sur le principe du ‘ou wè-y, ou pa wè-y’  aussi appelé welto car les combattants en présence font mine de danser pour tromper la vigilance de l’adversaire et porter un coup décisif. Ce principe est commun à la plupart des luttes dansées mentionnées plus haut.
  • Un combat qui exprime des valeurs auxquelles de nombreux Martiniquais adhèrent.